jeudi, septembre 17, 2009

RÉPONSE DE NORMAND

Ce texte est pour le dossier sur l'indépendance et le nationalisme qui sera dans le prochain numéro d'À Bâbord. Vous êtes libres de commenter, bien entendu, mais le sujet étant propre à faire sortir les couteaux, merci de ne pas dégainer.

(Je me suis rendu compte, amusé, qu'après toutes ces années à écrire, c'était la première fois que je me payais une «réponse de Normand» ...)

***

On va m’accuser de donner une réponse de Normand. Et pourtant ce que je pense de l’indépendance en général et de celle du Québec en particulier est précisément que ça dépend.

De quoi? Essentiellement de ce qu’on veut faire avec.

C’est que l’indépendance d’un pays est à mes yeux une valeur politique instrumentale ou seconde et non première ou fondamentale. C’est pourquoi si elle sert certaines valeurs politiques qui sont pour moi fondamentales, ce qui arrive, je peux l’appuyer; mais si elle les dessert, je la combats.

Tout cela se complique encore un peu du fait que je m’inscris non seulement au sein d’une large tradition politique de gauche qui n’a cessé de porter un jugement d’une très grande sévérité sur certains aspects du nationalisme (le mot d’Einstein est bien connu et il exprime parfaitement cette idée : «Le nationalisme est une maladie infantile : c’est la rougeole de l’humanité. »), mais aussi dans une frange plus restreinte de cette tradition qui a en outre la conviction que l’État-Nation n’est qu’une forme récente et fort heureusement provisoire de l’organisation politique.

Le nationalisme, qui le niera?, peut être et a de fait souvent été une idéologie de droite, frileuse, de repli et de fermeture, conservatrice voire xénophobe, bref, de suprématie et malsaine. Ce nationalisme-là, c’est le bâton auquel est attaché le drapeau que porte un imbécile disposé à aller tuer un autre imbécile qui porte un autre drapeau accroché au même bâton. Il me terrifie et la forme d’indépendance qu’il porte et engendre me répugne.

Mais il existe aussi, je le reconnais, des nationalismes et donc des revendications d’indépendance qui sont d’émancipation, des nationalismes de langue et de culture qui sont aussi des nationalismes d’ouverture. Je peux, conjoncturellement et stratégiquement, appuyer ces nationalismes : mais c’est toujours avec la certitude que l’avenir de l’humanité passe par leur dépassement et sans grand enthousiasme puisque c’est bien un État qu’on s’apprête à créer et que ce sentiment nationaliste va être instrumentalisé par lui, qui est au service des intérêts nationaux étroitement conçus comme ceux des institutions dominantes (en particulier de la communauté des gens d’affaire et des politiques qui les servent).

Je regrette qu’il n’existe pas en français de mot pour désigner l’attachement que l’on peut ressentir pour le lieu où nous vivons notre enfance, entouré de gens qui nous aiment et qu’on aime — et pourvu que notre enfance ait été heureuse.
Mais si vous retirez du nationalisme cet attachement et tout ce qu’il implique, vous en retirez une part importante et peut-être même l’essentiel de ce qui mérite d’être sauvé de ce sentiment.

Au total? Entre deux référendums (j’ai voté oui avec enthousiasme la première fois, avec dépit la deuxième), je ne pense guère à la question nationale ou à l’indépendance et à tout hymne national, quel qu’il soit, je préfère encore et toujours L’Internationale.

19 commentaires:

Jean-no a dit…

J'ai l'impression que le nationalisme arrive assez naturellement dans les pays "conquis", c'est à dire où les gens ont l'impression (justifiée ou pas) de voir leur culture se diluer dans un ensemble qui les dépasse et où ils n'ont pas leur place avec leurs spécificités. Je suppose que c'est le problème au Québec non ?
Je rentre de Croatie, qui vient juste de quitter feu la Yougoslavie et où un fort sentiment nationaliste existe. Il prend des formes assez absurdes : refus d'utiliser les mots "serbes" (comme "helicopter"... Qui est pourtant un mot importé), repli sur la religion (les curés y ont pris un pouvoir incroyable), et puis il faut bien déplorer un racisme odieux et décomplexé. Et en même temps, ce nationalisme ne remplit pas son but affiché : les gens veulent consommer étranger (quitte à sacrifier leurs emplois), leurs services publics ont été revendus à d'autres pays (par exemple la compagnie nationale de téléphone, devenue une filiale de l'allemand T online), leur racisme leur fait préférer des touristes qui cassent tout à des ethnies locales implantées depuis des siècles et à présent chassées (orthodoxes, juifs, tziganes)...
Résister à l'empire, c'est bien, mais il faut surtout se rappeler que l'objectif c'est de ne pas perdre certaines choses de sa culture, de sa qualité de vie,...
Bon, je ne parle pas de pays comme la France, qui sont encore autre chose : le nationalisme a surtout été utilisé ici pour déclencher des guerres ou coloniser d'autres pays ! C'est encore un autre cas, puisque le nationalisme n'est pas chez nous un outil d'émancipation mais un outil démagogique.

Normand Baillargeon a dit…

@Jean-No: Merci de commentaire. Ça donne à méditer.J'y reviendrai si j'ai un truc pas trop bête à rajouter:-)

Normand

Michel Fafard a dit…

Le chauvinisme aussi est quelque chose de pernicieux et de malsain. J'en ai eu récemment l'expérience et cela m'a poussé à me questionner sur moi et à me rendre compte que, malgré tous mes bons sentiments, le chauvinisme et la xénophobie ne sont jamais loin. Disons que pendant un instant j'ai été outré d'entendre une femme parler espagnol à son enfant encore au berceau et une autre à sa jeune fille.

J'avoue m'être senti mal à l'aise après ces expériences. Au Québec, je peux affirmer sans encombre qu'il existe un chauvinisme par rapport à la langue française qui peut conduire à la xénophobie et peut-être au racisme. Je ne me considère pas comme raciste et je ne pourrait jamais l'être même si je m'essayais de toutes mes forces. Par contre, je peux dire que je suis habité par ce sentiment chauvin que j'ai décrit plus haut. Je ne pensais pas l'avoir et cela m'a vraiment amené à me poser des questions. Après en avoir parler avec ma soeur et ma mère, je me suis rasuré parce que ces enfants vont devoir apprendre la langue française à l'école. D'un autre côté, je crois comprendre ceux qui voudraient bien voir les immigrants parler le français dans leur intimité.

Même en écrivant ces mots je me sens un peu boulverser.

Philippe Dor a dit…

On peut être séparatiste sans pour autant être nationaliste. C'est, personnellement, mon cas.

Pour des raisons exclusivement pratiques la sécession se justifie. Par exemple, on peut trouver que la machine gouvernementale est trop lourde et que d'en retirer un pallier lui ferait du bien. On peut aussi constater la dissonance entre l'allégeance politique du Québec et celle du Canada dans son ensemble (quand on pense que ce sont les Conservateurs qui sont au pouvoir alors qu'ils n'ont qu'un ou deux sièges au Québec) et en conclure qu'il serait préférable d'avoir deux pays avec chacun leurs idéaux plutôt que de soumettre une province plutôt de gauche à un pays plutôt de droite.

Bref, je partage votre répulsion pour le nationalisme et j'espère que ce genre d'argumentaire émotif ("Moi je me sens Québécois donc on se sépare! - Ah oui? Eh bien moi je me sens Canadien donc on se sépare pas!") finiront par disparaître des débats portant sur la séparation.

http://chezfeelozof.blogspot.com/2009/04/la-secession.html

Nicolas a dit…

Ouai, bon, ça ressemble pas mal à mon sentiment (à ceci près que je n'avais pas le droit de vote en 1980 et que j'ai réussi à ne pas voter en 1995).

Je pense que le fond de la question c'est que si la nation est un construit social relativement abstrait et souvent porteur de confusion, il n'en demeure pas moins qu'il existe encore en de nombreux endroits une chose qui se nomme oppression nationale. En effet, il y a des groupes qui sont opprimés en raison de leur appartenance à une nation ou une autre.

Je pense que, sans tomber dans le nationalisme, les anarchistes se doivent à la fois de supporter le droit à l'autodétermination de toutes les communautés et de s'élever contre tous les chauvinismes (en particulier celui de leur propre communauté). À quelques reprises nous avons renvoyé dos-à-dos le colonialisme et les luttes de libération nationale, ce fut, je crois une erreur.

Quant à la souveraineté du Québec, c'est un autre débat. Disons que nous sommes rendu loin d'une situation d'oppression nationale...

Normand Baillargeon a dit…

@ à tous; merci de ces commentaires et pistes de réflexion.

Normand

Michel a dit…

J'ai suivi le lien à partir d'un blog qui vous citait.
Je trouve le propos moralisateur et prétentieux. Les sentiments ne sont pas évacués vraiment, seulement que les vôtres sont mieux et vous comprenez mal du haut de votre tour d'ivoire que l'humain est une bête.
Alors vous n'exprimez que de meilleurs sentiments et cela me semble bien moralisateur.

Jean-no a dit…

@Un gars : je ne comprends pas bien votre propos et je ne vois rien de moralisateur (même s'il y a une réflexion morale) dans le propos de Normand. L'humain est une bête, mais les autres bêtes ne connaissent pas de nationalisme - d'un point de vue pragmatique, je suppose que le nationalisme est impossible sans un langage abstrait évolué.
Je trouve sain de s'interroger sur ses positions : on a tous "dans le coeur" une verte vallée (ou une belle cité) de notre enfance à laquelle on est attaché, et qu'on a des raisons de vouloir garder, alors quand se trouvent les limites, quand est-ce qu'on ne "conserve" que quelque chose qui n'a jamais existé, quand est-ce que les racines cessent de nous aider à tenir debout pour nous rendre idiots ou méchants ?
En tant qu'européen, je crains le nationalisme : la Belgique sombre dans une crise difficile à imaginer à cause du fort sentiment que le pays n'est pas uni, et je parlais plus haut de l'ex-Yougoslavie... Imaginez que des pays aussi développés (à tout point de vue) que l'Amérique du nord (si si) sont parvenus à sombrer dans la barbarie en quelques jours : le basculement est brutal et ses conséquences assez inattendues. Le jour où on commence à voir l'autre comme un ennemi, tout peut arriver.

Pieyre a dit…

Bravo! A faire parvenir à tous les Jacques Parizeau et Bernard Landry de ce monde fiers partisans d'un Québec soi-disant «indépendant» et pourtant instigateurs d'un libre-échangisme économique permettant aux multinationales d'étendre leurs tentacules néo-libérales à l'encontre de l'environnement et des droits sociaux tout en ayant favorisé les entreprises et particuliers qui pratiquent l'évasion fiscale, en ayant approuvé la «spécialisation» de la Bourse de Montréal dans les «produits dérivés»!

Etait-ce là, leur vision d'un Québec «indépendant et fier» dans «l'affirmation» d'une meilleure répartition de la richesse et de l'équité sociale???

Ils voulaient être «indépendants» de qui et de quoi au juste???

Jean-no a dit…

@Pieyre : c'est exactement ça dans le petit pays des Balkans que je mentionne constamment. Ultra-nationaliste idéologiquement depuis qu'ils ont quitté la fédération yougoslave, mais en train de se faire dépecer par des multinationales. C'est très paradoxal.
Leur seule défense, c'est qu'après quarante ans de socialisme non-aligné, ils sont assez indifférents au travail, du coup leur nouveaux managers allemands ou britanniques se ruinent en essayant de leur apprendre à travailler. Je ne doute pas qu'ils y arrivent à la fin car ils ont commencé par le plus important dans ce but : leur offrir la frénésie de la consommation. Le reste suivra.

Unknown a dit…

Pour l'essentiel, je suis d'accord avec vous. Je trouve toutefois que vous passez vite de la sphère rapprochée à l'Internationale ! Cette sphère est la plus importante, je suis d'accord, mais le sentiment de proximité, le partage d'événements (politiques ou autres) et de culture avec notre quartier, puis avec notre ville, notre région, notre «province», même notre pays (j'ai de la difficulté à l'avouer, mais ce serait une erreur de l'omettre) créent des sphères intermédiaires entre soi-même, sa famille, sa sphère rapprochée et l'Internationale.

Mais, où je suis tout à fait d'accord avec vous, c'est que ces sentiments d'appartenance gradués n'ont aucun besoin d'un nationalisme, ethnique ou autre, pour se concrétiser et pour rendre les démarcations entre ces sphères antagonistes. Cela dit, comme la démarcation la plus forte que je ressens est entre la «province» et le pays actuel, je suis, comme d'autres l'ont exprimé ici, un indépendantiste non nationaliste.

Et je suis aussi d'accord qu'une indépendance qui perpétuerait le modèle économique et social actuel est peu attrayante...

Jean-Joël Kauffmann a dit…

Bonjour,

Quelques questions à la cantonade :

1°/ Comment se fait-il que l'on continue à parler français au Québec ou à Genève, et qu'on ne parle plus (ou presque plus) Basque à Bayonne, Breton à Quimper, Corse à Ajaccio, Alsacien à Strasbourg, Occitan à Bordeaux ou Marseille ? (Exemples pris purement au hasard, il va de soi. ;-) ) Si les Anglais s'étaient comportés envers les Québécois (et les Suisses Alémaniques envers les Suisses Romands) de la même manière que les Français envers leurs "minorités", il y a longtemps que l'on ne parlerait plus français à Montréal, à Québec, ou à Genève. C'est une question que les indépendantistes québécois, en général passablement infatués de la France, et surtout de ce qu'elle a de pire, évitent soigneusement de soulever, et on les comprend : cela plomberait considérablement l'ambiance de leurs manifestations contre les "Anglos".

2°/ Je ne suis qu'un "maudit Français" qui n'est pas forcément bien informé de l'histoire de la situation linguistique au Québec. Mais, quand même, quelle inconscience, pour ne pas dire quelle indécence, de la part des indépendantistes Québécois des années 1960s, d'avoir osé comparer leur combat (au demeurant légitime) à celui des Noirs Etatsuniens pour l'égalité civile avec les blancs, à coup des slogans grotesques comme "Les Nègres blancs d'Amérique" ou "Speak White" ! On comprend facilement, dès lors, que, fondé sur des telles bases, le mouvement pour l'indépendance politique du Québec se soit lentement délité à partir de la fin des années 1970s, malgré des victoires politiques de façade (le PQ au gouvernement).

Jean-Joël Kauffmann a dit…

(Suite du commentaire précédent)

3°/ Une dernière remarque pour finir. On n'est pas obligé de choisir entre le nationalisme de type centralisateur (par exemple, Canadien ou Français) et nationalisme de type "colonisé" (par exemple, Québécois, Basque ou Corse). Si l'on se situe dans une perspective à la fois rationnelle et anarchiste, force est de constater qu'il n'y a pas grand chose à ajouter à la déclaration de la Commune de Paris du 19 avril 1871, qui réclamait une "fédération de communes", sinon qu'il convient désormais de porter cette revendication au niveau international. Seule l'implication politique des citoyennes/citoyens à l'échelon le plus local possible peut être pleinement démocratique. Quel intérêt à remplacer un état, par nature oppressif, par un autre, fût-il plus petit ? Cela n'empêche pas, si les circonstances l'exigent, de soutenir le cas échéant tel ou tel combat de type "nationaliste", mais en ayant l'élémentaire lucidité d'avoir conscience de ne choisir qu'un moindre mal par rapport à un autre (par exemple, dans le contexte actuel, il est légitime à mon sens de soutenir le retrait de la France de l'Union Européenne, car le cadre de la république française, bien que centralisateur et assez peu démocratique, l'est malgré tout encore plus que le monstre de totalitarisme affairiste qu'est devenue l'Union Européenne).

J'ai conscience que ce ne sont là que des banalités, mais malheureusement, elles sont trop peu souvent rappelées (à mon goût tout du moins).

JJK

Normand Baillargeon a dit…

@Tous: merci encore de ces commentaires et piste de réflexion.

Normand

Normand Baillargeon a dit…

oups... pisteSSSSS

N.

Jean-no a dit…

@Jean-Joël: on ne peut pas tout comparer. La Suisse par exemple s'est fondée sur un idéal très particulier qui fait qu'ils n'ont pas que deux langues mais trois (l'italien, archi minoritaire) et un grand nombre de dialectes. Ce pays appartient à ceux qui l'habitent, plus qu'aucun autre pays à ma connaissance. Le résultat est d'ailleurs assez décevant : une démocratie aussi démocratique qui aboutit à un pays qui se nourrit de la misère du monde (l'air de ne pas y toucher)...
En France en revanche, depuis Louis XIV, il y a l'idée forte que la nation est au dessus de tous, ce qui a ses vertus (égalité) et qui s'est accompagné d'horreurs comme la destruction méthodique de tous les patois.
Je suppose que la situation du Québec est encore bien différente, et qu'il y a là une question de déséquilibre démographique, non seulement à l'intérieur du Canada mais pour toute l'Amérique du nord : la place des francophones se réduit d'année en année... Est-ce que ça ne donne pas à certains l'impression d'une disparition, d'une dilution ?
Sur l'Union européenne, je me sens fédéraliste mais je vois bien que cela va mal. Pour moi c'est justement à cause du nationalisme ! En refusant de s'intéresser à ce que faisait l'Europe, les citoyens ont fait de la fédération une hydre technicienne envahie par la politique d'alcôves menée par les financiers ou les Monsanto, Sanofi et autres.
L'intérêt des français (et des autres) c'est de ne pas laisser l'Europe sans surveillance citoyenne ou médiatique.
Rien n'est facile, mais je pense que l'abandon de l'Europe est la dernière chose à faire : si tu ne t'occupes pas de l'Europe, l'Europe s'occupera de toi !

Jean-Joël Kauffmann a dit…

Bonjour,

@ Jean-No :

1°/ Tout à fait d'accord avec vous sur votre commentaire sur la Suisse. Une petite précision malgré tout : il y a en Suisse non pas deux, non pas trois, mais quatre langues officielles (la quatrième, le romanche, n'étant plus parlée que par quelques milliers de personnes dans des vallées reculées des Grisons).

2°/ L'éradication méthodique des langues minoritaires a commencé bien avant Louis XIV, sous François Ier (r. 1515-1547) en fait, par l'édit dit de Villers-Cotterêts du 10 août 1539. Sous couvert de rendre la justice plus accessible au peuple français, ce dernier remplaça, dans les actes notariaux et judiciaires, le latin (utilisé jusqu'alors) par le français. En fait, il s'agissait d'un trucage : la langue la plus parlée à l'époque dans le royaume de France n'était pas le français, mais... la langue d'oc (aujourd'hui plus communément appelée occitan), qui possédait une tradition littéraire et judiciaire bien plus ancienne et bien plus riche que le français. La France aurait pu devenir un état multiculturel et plurilingue, avec le latin comme "lingua franca" ; elle a préféré l'homogénéisation à marches forcées, qui s'est accélérée sous la Troisième République pour en arriver à la situation actuelle. (Cf. la très belle chanson de Gilles Servat, "Koc'h ki gwen ha koc'h ki du" : http://www.youtube.com/watch?v=UU2_S4g2Jf0)

Jean-Joël Kauffmann a dit…

(suite du commentaire précédent)

3°/ Pour le Québec, je n'en connais pas assez pour porter un jugement définitif. J'aurais donc dû me taire, mais je n'ai pas pu m'empêcher de relever ce qui m'apparaît, vu de loin, comme des contradictions chez certains indépendantistes québécois.

4°/ En ce qui concerne l'Europe. Je pourrai en écrire des pages et des pages. Je me contenterai de le dire avec le plus de sobriété possible, en reprenant une expression bien connue : l'Union Européenne ne fait plus aujourd'hui partie de la solution, mais bien du problème. Pour le reste, je renvoie au livre de Raoul-Marc Jennar : "Europe, la trahison des élites" (http://www.ababord.org/spip.php?article559).
Le constat qu'il a fait il y a maintenant cinq ans demeure, à mon sens, toujours aussi actuel.

JJK

Jean-no a dit…

Jean-Joël : Je laisse tomber sur l'Europe puisque ce n'est pas le sujet ici, et puis surtout on ne s'entendra pas.
Pour Louis XIV, je simplifie, mais c'est le moment où la volonté centralisatrice a connu ses plus importantes victoires, notamment celle de convaincre la noblesse que parler la langue de son terroir était fondamentalement plouc, et former toute la jeunesse dorée (les filles à Port Royal notamment) à abandonner le patois.