lundi, mars 09, 2009

ALBERT EINSTEIN (1879-1955), PHYSICIEN ET REBELLE (2/8)

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Einstein et la religion

Je suis un non-croyant profondément religieux.
C’est une nouvelle sorte de religion, si on peut dire.

A. Einstein
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La question de la religion d’Einstein a fait couler beaucoup d’encre. C’est que certaines de ses déclarations semblent admettre l’existence de dieu — par exemple quand il défend son épistémologie réaliste et déterministe en arguant du fait que «Dieu ne joue pas aux dés» ou que « Dieu est subtil, mais il n’est pas malveillant» — alors que d’autres pointent dans la direction inverse («L’idée d’un dieu personnel m’est étrangère et me paraît même naïve».)

La solution à cette petite énigme est pourtant simple. Einstein est au fond un panthéiste à la manière de Spinoza et, quand il emploie le mot «Dieu», c’est à l’ordre immanent du monde qu’il réfère — et ce mot n’a donc, dans sa bouche, aucune connotation théiste ou déiste.

La «religion» einsteinienne est en somme une sorte de sentiment océanique de la vie, très intellectualisé. Comme le suggère Richard Dawkins, on pourrait traduire : «Dieu ne joue pas aux dés», par : «Le hasard n’est pas présent de manière inhérente au cœur des chose».

Einstein écrira, résumant son point de vue : «Je ne crois pas en un dieu personnel : cela, je ne l’ai jamais nié et je l’ai au contraire clairement laissé savoir. S’il y a en moi quelque chose qui puisse être appelé religieux, c’est l’admiration sans limite que je ressens à contempler la structure du monde telle que la science peut nous la révéler. Je ne crois pas en l’immortalité de l’individu et je considère que l’éthique est une affaire exclusivement humaine derrière laquelle on ne trouvera aucune autorité supra-humaine» .

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Vers 15 ans, voyant avec horreur venir le moment du service militaire, il demande à son père, qui y consent, de faire à sa place, puisqu’il est encore mineur, les démarches qui lui permettront de renoncer à sa citoyenneté. En 1894, la famille Einstein, aux prises avec des difficultés financières, part pour l’Italie. Albert, lui, doit rester à Munich pour poursuivre les études entreprises. Mais l’école lui pèse de plus en plus lourd et, de son propre chef, avec une étonnante maturité, il la quitte. Le voici décrocheur et bientôt apatride. Mais il sait ce qu’il veut : aller en Suisse, y acquérir la nationalité, étudier au Polytechnicum de Zurich, où il pense pouvoir être admis sans diplôme et uniquement par ce qu’il se sera lui-même appris et devenir professeur de physique.

Einstein part pour la Suisse en 1895. Mais il est d’abord refusé au Polytechnicum et doit passer l’année suivante à se perfectionner dans une école de la ville d’Aargau. C’est là, alors qu’il n’a que seize ans, qu’il se demande quel effet cela ferait de voyager sur une onde lumineuse. C’est la première d’une longue série d’«expériences de pensée » qui joueront un rôle majeur dans le développement de ses idées et de ses théories scientifiques.

En 1896, Einstein est admis au Polytechnicum. La même année, il obtient le retrait de sa nationalité allemande et fait rencontre de Mileva Maric, une étudiante serbe qui deviendra sa première épouse. Il n’a rien perdu de son indépendance d’esprit et on raconte qu’un de ses professeurs, Heinrich Friedrich Weber, lui aurait dit : «Vous êtes brillant, Einstein, très brillant. Mais vous avez un gros défaut : on ne peut rien vous dire .»

En 1900, il obtient son diplôme; mais le jeune homme atypique, marginal et contestataire qu’il est n’obtient pas de poste académique. S’ouvrent alors de longs mois de vache maigre, mais qui sont aussi des mois d’étude, de réflexion solitaire et d’échanges avec des amis qui resteront chers, notamment Maurice Solovine, Michele Besso et Marcel Grossmann — sans oublier bien entendu Mileva Maric.

En 1902, celle-ci part accoucher en Serbie de leur fille, Lieserl, dont l’histoire perd la trace. La même année, Einstein est embauché comme examinateur de brevets au Bureau des brevets, de Berne. Cet emploi lui laisse du temps libre, qu’il occupe à ses propres travaux. Il épouse Mileva le 6 janvier 1903 et leur premier fils, Hans-Albert, naît en 1904.

Nous voici en 1905. C’est l’année charnière d’Einstein, celle qu’on appelle son Annus mirabilis.


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Le jeune employé du Bureau des brevets de Berne sur son lieu de travail

«Chaque matin l’attendait son quota de demandes de brevets. [Il fallait] tout expliquer très brièvement, si possible en une phrase : dire pourquoi l'invention fonctionnerait ou non; pourquoi une demande devait être approuvée ou refusée. Jour après jour, Einstein devait ainsi dégager la principale leçon à tirer d'objets de la plus grande variété issus de l’inventivité humaine. Quelle meilleure façon peut-il y avoir d'acquérir le sens de ce qu'est la physique et de son fonctionnement?»

WHEELER, J.A., «Albert Einstein», dans : FERRIS, T., The World Traesury of Physics, Astronomy and Mathematics, Litte Brown, 1991. Page 568.(Traduction: Normand Baillargeon)
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