mercredi, décembre 09, 2009

CRITIQUE DU LIVRE: CONTRE LA RÉFORME

Le Devoir reste un des lieux largement (et je dirais dogmatiquement) favorables à la réforme de l'éducation et où il aura été passablement difficile d'y faire entendre des critiques à son sujet.

Dans sa critique de mes deux derniers livres, le par ailleurs excellent critique des essais de ce journal, Louis Cornellier, a accompli un pirouette lui permettant de finalement ne pas parler de Contre la réforme et de faire comme si E. von Glasersfeld et son constructivisme dit radical étaient les seules choses à trouver dans mon livre (il s'agit d'un chapitre, le plus long certes, mais un sur 13) et comme si ces idées de G. n'avaient pas été influentes chez nous, dans les lieux où s'est pensée la réforme ( Glasersfed a notamment obtenu un doctorat honoris causa de l'U. Laval et une médaille de Mérite scientifique del'UQAM, décernés pour sa contribution à l'avancement de l'éducation u Québec; et j'en passe)

Pour me consoler, je trouve dans le dernier numéro de L'action Nationale, une critique de mon livre où on voit bien que l'auteur, Joëlle Quérin , en parle et l'a lu: et ses suggestions pour l'améliorer méritent réflexion.

14 commentaires:

Michel Fafard a dit…

Bien que Joëlle Quérin est aimée votre ouvrage, il semblerait qu'il aurait eu le mérite d'être retravaillé. Si c'est le cas, vous avez fait fi de votre rigueur habituelle. Enfin. Pour ce qui est de Louis Cornellier, et bien, malgré quelques bonnes critiques, il me fait penser physiquement à un professeur d'histoire que j'ai eu à l'Université Laval que j'ai vraiment détesté même si certains de ses textes m'ont plus. La différence entre les deux, Louis Cornellier est critique littéraire et un nationaliste convaincu.

Frédéric a dit…

Je partage en grande partie la critique de Joëlle Quérin. J'ai aussi trouvé plusieurs textes intéressants, mais ai déploré comme elle qu'ils manquent de liens entre eux et que le contenu et les arguments soient parfois répétitifs.

Cela dit, je suis content de l'avoir lu, car je comprends maintenant beaucoup mieux votre position.

Je me suis quand même posé plusieurs questions en lisant votre livre. Je veux bien croire que les pédagogues du ministère aient été fortement influencés par von Glasersfeld et son constructivisme radical, mais quel en est l'effet réel dans les classes ?

Les enseignants sont des professionnels qui, dans une forte majorité, contestent aussi cette pédagogie. La transmettent-ils vraiment à leurs élèves ? Ayant été de nombreuses années président de conseils d'établissement, je connais beaucoup d'enseignants qui me disent pouvoir prendre leurs distances avec beaucoup des élucubrations des pédagogues. Ils sont maîtres (et maîtresses...) dans leurs classes, disent-ils...

Mon échantillon est toutefois bien mince pour que je puisse en avoir une perception exacte...

Normand Baillargeon a dit…

@ vus deux: c'est le risque (répétition et manque de cohérence interne) avec un livre qui est une réunion d'articles.
Certains enseignants prennent certainement leurs distance par rapport à des choses : cependant, mon point de vue, ici, a toujours été d'examiner la réforme à partir de ses fondements: je suis un philosophe de l'éducation, ni plus, ni moins.

N.B.

Michel Fafard a dit…

Le problème avec la répétion, surtout venant d'un philosophe ou d'un militant, peut amener à penser à un dogmatique, surtout s'il utilise les mêmes mots comme une sorte de mentra. Je sais que vous, M. Baillargeon, n'en êtes pas un.

Normand Baillargeon a dit…

@Micher. Merci bien.
N.

Missmath a dit…

La page 73 de ce livre est tout à fait délicieuse pour ne pas dire divine. J'en ai parlé sur mon blogue et elle a soulevé bien des réflexions. Le moins qu'on puisse dire, c'est que personne n'est indifférent à cette réforme.

Normand Baillargeon a dit…
Ce commentaire a été supprimé par l'auteur.
Normand Baillargeon a dit…

@Missmath: Merci. Toute une conversation que vous avez initiée là.
J'en profite pour dire que je ne suis pas mathématicien: juste très amoureux des maths sur lesquelles je fais, modestement, du journalisme (vulgarisation de ce que je comprends, rédaction de jeux et énigmes logico-mathématiques).

Le fait est que je lis beaucoup de maths et sur les maths, quand j'en ai le temps, par goût.

Pour un ouvrage collectif que j'ai co-dirigé et qui est maintenant terminé: Je pense donc je ris. humour et philosophie,j'ai fait un texte sur humour et mathématiques, où je me suis laissé aller à me faire plaisir. Il se trouve sur ce blogue.

Il est sans doute trop tard pour le changer substantiellement, mais des corrections mineures restent possibles.

Normand B.

Michel Fafard a dit…

@Normand: J'ai déjà entendu qu'il ne fallait pas imposer de pédagogie, de laissez les enseigants décider. Par contre, vos idées laissent à penser qu'il faudrait effectivement en imposer une, soit la pédagogie traditionnelle. Expliquez-moi parce que je me sens mélanger.

Normand Baillargeon a dit…

@Michel: Je ne suis évidemment pas dogmatique là-dessus et il y a bien des chemins pédagogiques pour aller au Rome de la connaissance. Cependant, il y a des méthodes bien mieux éprouvées que d,autres et des méthodes carrément inefficaces. Les réformes devaient s'inspirer des unes et mettre au rancart les autres et les enseigantEs de varient être très au courant de tout ça.

Normand

Jonathan Livingston a dit…

Je ne vous ai pas encore lu. Je compte me procurer votre livre dans le temps des fêtes lors de ma sortie. Je suis en région éloignée.

J'ai bien hâte de voir votre exposé sur le constructivisme, parce que j'essaie justement de réfléchir à la déconstruction de l'endoctrinement de la réforme et malheureusement, je n'ai pas mes entrées dans les universités ni le temps d'éplucher la littérature. J'ai mon bagage fugace et lointain en psychologie et ce qu'on trouve sur Internet par bribes et ma réalité de terrain.

Je trouve incroyable la critique de répétition et du dogmatisme d'un critique de la réforme quand l'implantation de cette réforme a été faite dans la répétition et le dogmatisme le plus indiscutable qui soit avec des formules non-vérifiées et des arguments bidons scandés par une armée de formateurs ou de jeunes ambitieux qui répètent les propos de leurs mentors pour se retrouver rapidement chef d'équipe.

Comme on en retrouve une ici, tiens qui n'est pas nouvelle: les enseignants transmettent-ils cette pédagogie? Pour nous convaincre de la légitimité de leur approche, on insinue que c'est le manque de collaboration des enseignants, le manque de formations, qui empêchent cette pédagogie de faire son effet.

D'abord l'erreur est de croire qu'on enseigne une pédagogie, alors qu'elle n'est qu'une des nombreuses façons de transmettre des contenus d'apprentissage. Cette réforme a imposé une ligne pédagogique assez radicale (socio-constructivisme, projets, interdisciplinarité, etc) et unique en poursuivant le développement de compétences plaqués sur toutes les disciplines en faisant fi de l'applicabilité discutable en formation de base et générale de ce concept normalement utilisé pour rendre compte des qualités d'un professionnel spécialiste dans son domaine.

Quand on est sensible aux difficultés d'apprentissage, on sait une chose évidente, c'est que l'éparpillement dans un contexte surchargé d'information distrait de l'objet d'apprentissage chez l'apprenant novice.

Notre enseignement manque de répétitions pertinentes, se lancent sans consolider les apprentissages constamment en résolution de problème et en lecture de situation complexe. La pédagogie de projet est un placage de réalités adultes dans l'univers de l'enfant. On veut faire développer l'esprit d'équipe à des enfants qui n'en sont qu'au base d'une socialisation qui poursuit d'abord bien d'autres buts que de travailler ensemble. Les programmes sont pleins de ces idées d'adultes plaqués sans discernement dans le monde des enfants.

J'attends patiemment que ces boomers de dernières heures prennent leurs retraites et que leurs ouailles ouvrent leurs yeux, qu'on puisse remettre les pendules à l'heure . De toute façon, avec la déconfiture qui se prépare chez les jeunes qui arrivent au Cégep l'an prochain, on va sûrement continuer d'en reparler au risque de se répéter!

Normand Baillargeon a dit…

Merci de votre mot, cher Jonathan que je lis souvent. J'en aurais long à conter moi aussi sur le dogmatisme des réformateurs. Disons simplement que j'ai payé professionnellement et personnellement un gros prix pour me positions. Dernier événement en date, l'abolition de mes grands groupes en fodnements de l'èducation, un cours que les étudiants adoraient.

Écrivez moi privément (baillargeon.normand@uqam.ca) pour m'indiquer une adresse postale où je vous enverrai mon livre.Ce sera avec plaisir.

Cordialement,

Normand

Mario Asselin a dit…

Par soucis d'intégrité, je voulais simplement vous prévenir que j'avais lu votre livre pendant mes dernières vacances. Ma critique détaillée (et un peu longue) est ici: http://carnets.opossum.ca/mario/archives/2010/01/critique_du_livre_contre_la_reforme_normand_baillargeon.html .

Au plaisir,

Normand Baillargeon a dit…

@ Mario Asselin: Merci bien. Par principe , je ne réponds pas (sauf rare exception, par exemple s'il y a diffamation)aux critiques - le privilège de faire des livres ayant comme contrepartie celui des autres d'en penser ce qu'ils veulent. Ceci dit, je trouve votre regard honnête, compte tenu de nos évidentes divergences.

N.B.