jeudi, août 06, 2009

POLITIQUE PARTICIPALISTE : DES IDÉES QUI PEUVENT INSPIRER LES ANARS

[Texte pour Le Monde Libertaire]

L’accusation d’utopisme est si vite lancée aux anarchistes que je supposerai que quiconque lit ces lignes a déjà eu cette discussion dans laquelle on s’efforce de montrer, en invoquant notamment des faits historiques, des analyses conceptuelles et divers arguments, la plausibilité de nos idéaux.

De mon côté, et je m’en suis expliqué souvent, j’en suis venu à penser que la construction de modèles viables incorporant nos valeurs était une activité utile et importante à laquelle il est bon que des anarchistes consacrent du temps. C’est la raison pour laquelle je me suis efforcé de faire connaître l’économie participaliste de Michael Albert.

C’est dans cet esprit que je voudrais présenter ici des idées qui ont été avancées par Stephen R. Shalom et qui me semblent ouvrir des avenues prometteuses sur la question du politique et la prise de décision collective. Elles sont, je pense, de nature à alimenter les réflexions et les discussions à propos d’une éventuelle politique libertaire.

Je précise d’emblée qu’à un exposé précis et exhaustif de mon sujet — au demeurant impossible à réaliser en quelques pages — j’ai préféré offrir un traitement quelque peu impressionniste, sans doute, mais qui donne au moins une idée relativement juste des problèmes, réels et importants, que Shalom aborde et des réponses, concrètes et praticables, qu’il propose.


Posons un groupe de personnes vivant ensemble. Elles devront constamment prendre des décisions qui les concerneront. Une des fonctions essentielles de la vie politique est de décider des questions sur lesquelles on doit se pencher, de préciser les manières qui permettent de parvenir à des décisions et de contribuer à leur implantation.

Cela peut s’accomplir de différentes manières et dans le respect (ou le non-respect) de certaines valeurs. Le problème de Shalom est justement d’imaginer des institutions politiques qui permettront la prise de décision en conformité avec certaines valeurs. Avant de dire quelles valeurs il défend précisément et quelles institutions il préconise, voyons un peu les modèles qu’il rejette et pourquoi.

Le léninisme

Une première façon de faire pourrait être de s’en remettre à une élite qui sait ce qui est bon pour chacun — et qui peut fort bien ne pas correspondre à ce que voudraient les intéressés. Cette élite décidera donc, au nom de tous, et ses décisions seront sans appel.

Les philosophes-rois de Platon sont un exemple de cette manière d’envisager le politique. Le Parti, dans une vision léniniste de la politique, en est un autre.

Pourtant, si tout le monde reconnaît sans mal que le savoir, l’information et la compréhension sont souhaitables, voire essentiels à la prise de saines décisions, ce modèle nous hérisse, notamment par son antidémocratisme et parce qu’il usurpe la conscience qu’ont les gens de ce qu’ils veulent et qui évolue avec le temps.

Essayons donc autre chose.

La démocratie représentative

Une autre option serait que nos hypothétiques personnes désignent (par vote ou autrement) des représentantes et représentants qui décideront pour elles. Avec nos élections, nous avons un modèle semblable. Mais il a, lui aussi, d’immenses défauts, bien connus, notamment des anarchistes.

D’abord, ce modèle encourage la délégation plutôt que la participation : on tend alors à n’envisager le politique que dans une perspective instrumentale, en oubliant que la participation au processus politique transforme les participants et participantes. Dans une démocratie représentative appliquée à une vaste population, de larges portions de celle-ci ne participent que peu ou pas du tout aux processus politiques, sinon pour aller périodiquement voter; quant à ceux qui y participent activement, ils et elles sont effectivement transformés par cette participation. Mais comment?

On le sait assez : les représentants tendront à mentir, à flatter, à occulter leurs véritables intentions pour être élus et tout le débat et toute les discussions politiques deviennent dès lors corrompus. Puis, une fois élus, les représentants s’éloignent, dans tous les sens du terme, de ceux et celles qui les ont élus — s’ils en ont jamais été proches. Au bout d’un certain nombre d’années, cet éloignement se cristallise (en partis politiques, notamment) et les effets conjuguées de tous ces défauts tend à produire quelque chose qui ressemble aux pires aspects de la vie politique que nous connaissons dans nos démocraties libérales.

De possibles correctifs


Pour pallier à ces graves défauts, certains, considérant que la démocratie représentative reste le meilleur modèle possible, ont suggéré de lui apporter des correctifs. On pourrait par exemple, disent-ils, forcer (par quelque mécanisme que je vous laisse imaginer) les représentants à être liés à leurs électeurs par leurs promesses électorales. Séduisant? Non. Et pour en convenir, considérez ceci.

Selon ce scénario, si X a promis n pour être élu, alors il doit réaliser n une fois élu. Appelons cela la version «liée par vos promesses» de la démocratie représentative. Le problème est en ce cas est double.

D’abord, et c’est grave, la vie politique est par essence délibérative et avec notre nouveau modèle, la délibération est devenue inutile. On élit des gens sur leurs promesses et ils appliquent leurs promesses, point final. Ensuite, et c’est peut-être pire encore, la vie politique est et doit être adaptative et donc nous permettre de faire face aux nombreux et constants changements qui caractérisent la vie en commun: mais avec notre démocratie représentative liée par des promesses, on ne peut plus le faire. Par exemple, si les conditions qui rendaient souhaitable n n’existent plus et que n est devenu indésirable, X devrait néanmoins réaliser n. C’est absurde et cela ne peut pas convenir.

Une solution à ce problème serait d’élire nos représentants pour un mandat et de procéder ensuite par sondages. Mais, en ce cas, les discussions entre élus sont devenues inutiles et les élus eux-mêmes sont superflus.

Essayons autre chose? Beaucoup pensent que la solution est à chercher dans la démocratie non pas représentative, mais directe. Voyons cela.

La démocratie directe


Dans une démocratie directe, ce sont les gens eux-mêmes qui décident, pas leurs représentants. On pourrait par exemple imaginer qu’à l’aide de nos ordinateurs personnels, nous tenions des référendums sur toute question. Cela aurait le mérite de nous inciter à nous informer et à faire valoir notre voix.

Mais que de temps faudrait-il y consacrer!

Et comment s’informer sérieusement sur toutes les questions qui vont se poser? Pire : le procédé n’est pas délibératif. Avec ce système, on peut certes dire : «Je vote oui (ou non)», mais pas : «Je n’aime pas tel ou tel aspect de telle proposition» ou : «Je voudrais nuancer telle formulation». Ces défauts seront d’autant aigus que cette manière de faire tend justement à polariser les positions.

Convaincus que ces problèmes tiennent au fait qu’on veut ici appliquer la démocratie directe à une vaste population alors qu’elle n’est possible qu’à petite échelle, certains proposent que le cadre souhaitable et obligé de la vie politique, ce sont de petites communautés autonomes. En elles, assure-t-on, et seulement en elles, la démocratie directe, face-à-face, est possible.

L’irrémédiable défaut de cette proposition est que les problèmes sont (et seront de plus en plus) régionaux, nationaux et même globaux, de sorte que leurs solutions ne peuvent être décidées au seul niveau local. De plus, ces petites communautés se privent de précieuses et vitales économies d’échelle : chacune devrait-elle avoir son hôpital dernier cri, son université, et ainsi de suite?

On dira alors qu’elles devront coopérer. Mais comment et par quels mécanismes prendront-elles leurs décisions? Et comment seront-elles liées les unes aux autres tout en conservant une légitime autonomie (et laquelle)?

Parvenu à ce stade de sa réflexion, Shalom avance ce qu’il pense être la solution la plus prometteuse en retenant, issue en particulier de la tradition anarchiste, l’idée de Conseils géographiquement définis. Il défend cette idée parce qu’elle lui semble incorporer les valeurs que des institutions politiques devraient à ses yeux incorporer : la liberté; la justice; la participation; la solidarité; la tolérance. Je passe le détail de l’argumentaire qui le conduit à retenir ces valeurs et à conclure que les Conseils permettront de les faire vivre, pour en arriver directement aux aspects plus concrets de leur fonctionnement.

Les Conseils

Un Conseil est un regroupement de personnes qui sont en nombre suffisant pour qu’on y retrouve une variété de points de vue, mais en nombre assez petit pour que chacun puisse participer activement aux discussions, qui s’y tiennent face-à-face. On peut imaginer qu’un Conseil est composé de, disons, 20 à 50 personnes. Ce Conseil prend, seul, les décisions qui affectent les membres du Conseil et eux seuls.

Pour les autres décisions, chaque Conseil envoie un délégué à un Conseil d’un niveau plus élevé, et ce délégué porte le fruit des délibérations du niveau inférieur à ce niveau supérieur, où la décision est éventuellement prise — ce Conseil pouvant à son tour envoyer un délégué à un autre Conseil, selon le nombre de personnes qui seront affectées par la décision à prendre.

Notez que si on fixe à 40 le nombre moyen de membres des Conseils, il suffit de 7 niveaux pour impliquer quelque 40 millions de personnes dans une décision qui les affecterait toutes. On peut imaginer un système de rotation pour déterminer qui sera le délégué et poser qu’un système de rappel soit institué pour assurer que le délégué fasse correctement son travail.

Mais, à ce propos, il faut insister sur le fait que le délégué n’est pas une simple courroie de transmission de la volonté du Conseil d’où il provient. Le Conseil où il va siéger est lui-même une structure délibérative et si on découvre qu’une décision sur un sujet reste controversée, le sujet revient à l’échelon inférieur. Justement : comment seront prises les décisions?

Shalom pose que le consensus est un idéal, un idéal que peuvent justement viser et espérer atteindre de petits groupes, comme le sont les Conseils. Cependant, dans les cas où elle n’est pas possible et puisqu’il faut bien parvenir à des décisions, la majorité des voix sera utilisée. (Il y a quelque chose de juste — et qu’on aurait grand tort de négliger — dans la facétieuse remarque de Clement Attlle qui affirmait que «si la démocratie est un mode de gouvernement fondé sur la discussion, il n’est efficace que si l’on parvient à arrêter les gens de parler »)

Mais Shalom rappelle aussi ce fait crucial qu’il existe entre les personnes des désaccords réels, profonds et parfois passionnels. En certains cas, c’est la majorité qui a de telles convictions; en d’autres, la minorité. Cela pose des problèmes sérieux à tout processus politique, et en particulier celui d’assurer que la majorité ne pourra pas tyranniser la minorité (un cas type serait celui où 55% de la population décide de réduire en esclavage le 45% qui reste…).

Pour assurer cette protection, il faut donc ajouter à nos Conseils une constitution, qui précise des interdits. Mais des cas difficiles, inattendus, complexes vont inévitablement se présenter. Pour ceux-là, il faudra une instance décisionnelle. Actuellement, il s’agit de la Cour suprême. Shalom propose une institution semblable, mais dont les membres, pour les raisons évoquées plus haut contre les élections, ne seraient pas élus. Mais ils ne seraient pas non plus élus à vie, puisque cela tendrait à faire d’eux les membres d’une oligarchie corporatiste qui défend typiquement les intérêts de la minorité favorisée à laquelle ils appartiennent Alors? Ils et elles seraient choisis au hasard, comme les jurés, et seraient en nombre suffisant pour constituer un bon échantillon de la population. Ils seraient nommés pour une période déterminée — disons deux ans— et constitueraient un corps délibératif.

Notons que Shalom présuppose tout au long de son raisonnement, que ce qu’il avance est optimal au sein d’une société qui, sur le plan économique, fonctionne selon les institutions elles mêmes respectueuses des valeurs promues. S’il s’agit de l’économie participaliste développée par son ai Michael Albert, cela signifie, notamment, que tout le monde partage équitablement aussi bien les efforts et les sacrifices consacrés à la production que les bénéfices de la consommation. Personne, en particulier, n’occupe d’emploi plus valorisant qu’un autre et chacun accomplit un ensemble de tâches équilibré pour sa combinaison d’aspects désirables et moins désirables .

En défense de son modèle, Shalom fait enfin valoir des études de psychologie sociale qui montrent une chose intéressante et pertinente. La voici. Si on prend, disons, une cinquantaine de personnes qui ont avoué lors d’un sondage avoir des vues conservatrices sur des sujets comme l’avortement ou la peine de mort, et qu’on leur permet de prendre le temps de s’informer et de discuter, face-à-face, entre eux avec des gens qui ont des positions différentes, alors ils en viennent à adopter des vues plus progressistes et rationnelles.

De l’importance des modèles pour l’action militante


Même s’il reste évidemment perfectible, même si la compatibilité de ces idées avec les édéuax libertaires reste à discuter, même si ce que ce qu’il propose devra subir l’épreuve de la pratique, un travail comme celui-ci me semble non seulement intéressant du point de vue des idées, mais aussi important et même indispensable du point de vue de l’action militante. À cela, plusieurs raisons et en particulier les suivantes.

D’abord, ce travail nous évite de sombrer dans le désespérant fatalisme du «il n’y a pas d’alternative» et nous permet d’avoir quelque chose à répondre à ceux et celles qui hésitent à militer parce qu’ils en doutent. Ensuite, il contribue à donner sens , espoir et orientation à l’action militante. Enfin, il nous rappelle ce fait incontournable qu’une fois l’économie capitaliste vaincue, il restera des tas de problèmes à résoudre, dont celui de créer des institutions politiques saines.

Pour en savoir plus

Les idées présentées ici ont été exposées par Shalom lors d’un séminaire dans la cadre d’une rencontre tenue à Woodshole à l’été 2006 et à laquelle l’auteur de ce texte a pris part.

Elles ont depuis été développées dans : SHALOM, S. R. « Parpolity: Political Vision for a Good Society». Ce texte est disponible sur Internet à : [http://www.zmag.org/content/showarticle.cfm?ItemID=9178]. Lien consulté le 15 juillet 2009.

Une version de ce texte figurera dans : Raison Oblige. Essais de philosophie sociale et politique, Presses de l’université Lava, Québec. À paraitre 2009.

14 commentaires:

Unknown a dit…

Autre problème au sujet de la démocratie directe : elle ne peut que déboucher sur la dictature de la majorité. Toutes les minorités (ethniques, sexuelles, socio-économiques, politiques, etc.), pas seulement les petites régions, en pâtiraient. À tout prendre, je préfère nos chartes des droits.

Autre conséquence de la difficulté à s'informer sur tout (même chez les plus intéressés et les plus curieux intellectuellement), elle consacrerait le règne de la démagogie : on risquerait que les Jeff Fillion de ce monde aient le pouvoir.

Quant à la proposition principale (les Conseils), elle est bien sûr intéressante, mais elle repose sur le postulat que la population est intéressée à décider et à débattre. Sur 50 personnes, combien participeraient régulièrement ? Beaucoup d'éducation (de sensibilisation, mobilisation, etc.) serait nécessaire pour en arriver là. Mais, bon, je suis d'accord, l'élaboration de tels modèles permettent de réfléchir et de combattre le fatalisme.

Normand Baillargeon a dit…

@Frederic. Merci de ce commentaire, avec lequel je suis largement en accord.
Si ça vous tente, je serais sincèremnt curieux de vous entendre développer votre; «À tout prendre, je préfère nos chartes des droits.»

Cordialement,

Normand

Michel Fafard a dit…

Le model développé par Sholom me rappelle les institutions athéniennes comme la Boulè dont les membres étaient choisis par tirage au sort sur une liste de candidats (les "premiers venus") ou le tribunal avec ses deux milles juges; eux aussi choisi par tirage au sort. Bernard Manin dans son ouvrage "Principe du gouvernement représentatif" en donne une bonne explication et démontre que s'il n'y a aucune de nos institutions qui fonctionnent avec le tirage au sort c'est tout simplement à cause d'un choix politique pris au moment de l'instauration des modèles actuels d'institutions politiques.

Au final, même si les idées Shalom sont bonnes et souhaitables, nous ne devons pas considérer qu'il a réinventé la roue ni proposé rien de révolutionnaire, mais simplement l'actualisation d'un modèle politique vieux d'un peu plus de deux milles ans.

Unknown a dit…

@ Normand

«À tout prendre, je préfère nos chartes des droits.»

On entend souvent des critiques sur le fait que les tribunaux, en se basant sur le contenu des chartes des droits, exercent un pouvoir politique à la place des représentants élus ou même à l'encontre de la volonté majoritaire de la population. Je pense par exemple aux décisions sur les accommodements raisonnables, notamment à celle sur le port du kirpan (moi-même, je la trouve très limite...).

De mon côté, je trouve sain que la société établisse des principes généraux sans qu'ils soient liés directement à un débat particulier et qu'on laisse à des «sages» le soin de les appliquer à des cas précis. Dans votre texte, Shalom parle de citoyens nommés au hasard, dans notre système il s'agit de juges nommés par le gouvernement. Je préfère le système de Rawls (le voile d'ignorance, pas simple à expliquer...), assez semblable à celui de Shalom, mais où les «sages» ne se connaissent pas et ne savent rien des caractéristiques (ethniques, sociales, sexe, âge, valeurs, idées politiques, etc.) des autres «sages» (ce sont d'ailleurs eux qui établissent le contenu de la «charte» de Rawls, son premier principe de justice). Mais, je m'égare...

S'il est possible de s'entendre sur des principes généraux (égalité selon le sexe, l'âge, l'orientation sexuelle, etc.), l'application est beaucoup moins consensuelle. S'il fallait tenir des votes sur chaque cas particuliers, les principes généraux seraient constamment bafoués. Par exemple, j'ai vécu une réduction de personnel où je travaille, au cours de laquelle les employés plus jeunes poussaient dans le dos des plus âgés pour qu'ils quittent dans le cadre d'un programme de retraite anticipé. C'était clairement de la discrimination, mais eux ne le voyaient pas ainsi.

Même si je ne suis pas libertaire, je trouverais injuste que la majorité impose ses opinions aux minorités. Comme individus, nous sommes tous en minorité, que ce soit sur un point précis ou, surtout, sur l'assemblage spécifique de nos valeurs et opinions. Bref, les libertés individuelles doivent être assurées, sans que ce soit au détriment des droits collectifs.

Le cas de la liberté de religion est plus complexe. On s'entend sur le fait que la liberté de croire doit être protégée, mais moins sur les conséquences de cette liberté, surtout lorsque les droits qui en découlent en affrontent d'autres (égalité des sexes, entre autres). Même si le mode de nomination des «sages» est discutable, je préfère néanmoins que ce soit des juges qui décident cas par cas plutôt que de laisser la décision à la dictature de la majorité, fortement orientée par les adeptes du «gros bon sens» et autres faiseurs d'opinion démagogiques.

Est-ce que cela répond à votre demande de développement ?

Normand Baillargeon a dit…

@ Frédéric: Merci de cette intéressante réflexion.

Normand

Simon Dor a dit…

Le système me semble intéressant en effet, sur l'idée de Conseils comme tels, mais un élément me semble important à considérer, surtout en ce qui a trait aux intérêts des minorités. Qu'est-ce qui distinguerait le Conseil auquel on est rattaché, et le Conseil sous lequel on est placé? Par exemple, un groupe avec des intérêts communs (qu'ils soient des intérêts politiques, économiques, sociaux, etc.) pourraient-ils se regrouper dans un même Conseil, et choisir de s'associer à d'autres conseils précis pour leur niveau supérieur?

C'est aussi le problème actuel avec la division en circonscriptions : qui juge que le territoire où j'habite est plus représentatif de mes intérêts que, par exemple, mon âge ou mon domaine d'études? Si, dans chaque conseil de 40 personnes, il y a deux personnes qui ont un projet précis, mais qu'ils sont "dilués" à chaque fois quelque part dans ce processus, le projet, qui pourrait avoir un intérêt pour une bonne part de la population, serait perdu dans le processus.

Quelle était la manière de diviser dans le système des Conseils de Shalom?

Michel Fafard a dit…

Simon Dor apporte un point intéressant auquel j'ajouterais quel type de concensus faudrait-il: concensus total, concensus moins un ou consensus moins deux.

Michel Fafard a dit…

Pour ceux qui veulent plus d'informations, voici un article de wikipedia qui est fort intéressant: http://en.wikipedia.org/wiki/Participatory_politics.

Bien sûr, à prendre avec partimonie.

Jean-Joël Kauffmann a dit…

Bonjour,

Voici un lien vers un article du "Monde Diplomatique" sur la rencontre de Woodshole de 2006 :

http://www.monde-diplomatique.fr/2006/08/HALIMI/13743

JJK

Anonyme a dit…

Bonjour Normand,

il me semble que la politique participaliste, la vision de Sholom, ressemble à s'y méprendre à celle développée par Murray Bookchin avec le municipalisme libertaire. Outre le fait que la vision participaliste ne se limite pas à voir le pallier municipal comme seul lieu politique valable, quelles sont les grande différences entre l'un et l'autre?

Nous travaillons actuellement à préparer une plate-forme participaliste pour la campagne électorale municipale à Ville de Saguenay. Cette idée de conseil est concrètement le coeur de notre vision. Rien de révolutionnaire, mais un changement plus que nécessaire pour notre collectivité, qui doit composer avec des enjeux de développement accentués et accélérés.

C'est pour nous le meilleur moyen de faire avancer nos valeurs libertaires et de résister concrètement à un pouvoir municipal archaïque et sans vision. C'est pas gagné d'avance, mais qui sait...

Je tenais à te dire que c'est pour moi un plaisir de visiter ton blogue régulièrement. Merci!

Solidairement

Éric Dubois
www.ericdubois.org
Saguenay

Normand Baillargeon a dit…

@Éric,

Binevenue et bon courage pour votre important travail au Saguenay.

Tua s raison de souligner ces similitudes, de valeurs notamment, inévitables entre libertaires,, entre le municipalisme de Bookchin et ce que propose Shalom. Il y a cependant des différences, en particulier le champ d'application potentielle (un État tout entier chez S.) et toute cette dimension constitutionnelle et juridique qu'ouvre Shalom.

Normand

Michel Fafard a dit…

Voici le lien pour la page française sur la démocratie participaliste:http://fr.wikipedia.org/wiki/D%C3%A9mocratie_participative.

Luscus a dit…

Salut Éric,

"Nous travaillons actuellement à préparer une plate-forme participaliste pour la campagne électorale municipale à Ville de Saguenay."

Lors des municipales de 2008 en France, notre petite commune Volvic - 5000 hab.) a vécu une petite révolution.

8 Personnes complètement débutantes en politique voulaient créer une liste pour changer la manière dont le conseil municipal gérait les affaires. N'ayant aucune idée comment on administre une commune de 5000 personnes et pour pouvoir se faire connaitre des habitants, ils ont décidé de faire participer tout le monde...
en 6 mois ils sont passé de 8 personnes à presque 500 (sur 5000!).
Des groupes de travail ont été mis en place pour tout les sujets qui intéressait la population, ils sont ouverts à tous.

Aujourd'hui, après un ans, les groupes de travaille existent toujours et les personnes élues (65,x% au premier tour) ne le sont seulement que pour "officialiser" les décision des groupes.


Je vis en Allemagne depuis maintenant 9 ans, et ici un nouveau Parti se créé (les Pirates) sur le modèle d'un parti Suédois. Ce mouvement vient de la communauté Internet et est généralement un mouvement "jeune".

Les thèmes centraux sont bien sûr la liberté d'expression (liberté d'internet), le fichage des citoyens, les droits d'auteurs, les brevets,...

Mais nous cherchons pour le moment des moyens pour créer une politique participative à l'échelle d'un état (le numérique aide).
Notamment la possibilité de faire émerger des idées directrices dans des forums (pour ceux qui connaissent les Forum, le problème principal est que la structure ne permet pas de "voir" les avis donnés; à partir de 100 postings, il devient difficile pour un nouveau venu de d'appréhender le débat). Il manque un agrégateur...

Notre idée pour le moment est un croisement entre un forum et un wiki, pour chaque question posé à la communauté, il y a un sous-forum de discussion où des avis peuvent se créé (des factions - généralement le nombre reste étonnamment réduit: 2 à 5).
Chaque faction peut créé un sous-forum à la question d'origine pour discuter leur argumentaire et faire un posting où il est développé.

Lorsque qu'un nouveau visiteur arrive dans le forum de la question, il voit tous les argumentaires des factions (version courte) et leur "cote" (par un système de vote). Il a donc très vite un idée de l'état du débat, quel est la position majoritaire et peu soit adhérer à une position, apporter un élément nouveau à une position ou en créer une toute nouvelle...

À la manière de Wikipédia, les contribution sont le résultat de coopération entre "utilisateurs" et s'affine avec le temps.

A long terme, le nouveau parti veut utiliser ce système pour formuler son agenda politique et permettre à la bases de définir les directions.

Ici un film qui définit l'essence de l'idée: http://watch.usnowfilm.com/

le Parti: http://www.piratenpartei.de/

Je crois beaucoup à la force auto organisatrice de la coopération. Notre espoir est que la population remarque qu'elle peut influencer nos décisions (le forum est ouvert à tous sans exception). Les gens qui le remarqueront auront tendance à participer (peut-être pas sur tout, mais sur certain thèmes - cela à été la leçon de Volvic 2008) et donc à nous donner de l'importance.
L'importance permettra peut-être de briser l'agenda setting (Chomsky) des grands medias et/ou de certain groupes de personnes et de recréer une ouverture des débats publiques.

Cela ce voie aujourd'hui en Allemagne avec les pétitions en ligne (sur le site du parlement). Elles sont naturellement ignorées et leurs idées déformées par les médias... Mais c'est tellement évident, que cela démontre de manière très ludique à tous la prison d'idées dans laquelle nous sommes.
Cela a conduit à la création du parti...


Ce n'est pas tout à fait les "conseil" de Shalom, mais cela va dans la direction...

C'est une expérience extrêmement intéressante...

Normand Baillargeon a dit…

@tous: merci de ces liens et commentaires.

Normand