dimanche, mai 25, 2008

L'INTRODUCTION AUX OISEAUX DE PASSAGE

[ Ce qui suit est l'introduction au recueil d'aphorismes Les oiseaux de passage, de R.Tagore, que je publie chez Le Noroît. La version finale diffère légèrement du présent texte.]

INTRODUCTION

Tagore : Une intonation nouvelle
de l’âme universelle.

Saint-John Perse


Le recueil d’aphorismes dont je propose ici la toute première traduction française est paru en 1916, aux Etats-Unis, sous le titre : Stray Birds.

À cette date, son auteur, Rabîndranâth Tagore, jouit d’une très grande réputation dans son pays natal et il est devenu, depuis peu mais très rapidement, immensément célèbre en Occident.

Dans cet écrit circonstanciel, Tagore aborde un genre — l’aphorisme — qui, sans être unique dans son corpus, n’en demeure pas moins rare. À mon avis, comme à celui de bien d’autres commentateurs, Tagore va y exceller de manière éclatante. C’est pour cette raison que j’ai tenu à rendre disponible au lectorat francophone ces Oiseaux de passage.

Dans les pages qui suivent, et afin d’en préparer la lecture, je voudrais sommairement présenter le contexte de l’écriture de ce recueil et dire quelques mots de la vie et de l’oeuvre de Tagore. J’en profiterai pour rappeler à quel point est trompeuse et mutilante l’image de Tagore qui est le plus souvent proposée aux Occidentaux, et qui le réduit à une sorte de poète mystique plus ou moins désincarné.

***

Rabîndranâth Thâkur, surnommé Gurudev (c’est-à-dire : divin maître), est généralement connu en Occident sous la forme anglicisée de son nom : Rabindranath Tagore. Il est né le 6 mai 1861 à Calcutta , où il est mort le 7 août 1941.

La légende veut qu’à la naissance de cet enfant, son quatorzième et avant-dernier, son père ait déclaré: «Il s’appellera Rabindra — c’est-à-dire le Soleil — car plus tard, comme lui, il ira par le monde et le monde en sera éclairé». Cette prophétie se réalisera puisque, avec une libéralité sans faille, l’immense talent de Tagore lui fera produire une oeuvre d’une extraordinaire abondance où se côtoient harmonieusement de nombreux genres et qui portera effectivement son nom (et bien souvent sa personne) aux quatre coins du monde.

Tagore est issu d’une famille très prospère, mais aussi singulière, tant par la profondeur de sa culture des arts et des lettres que par l’ouverture et la lucidité avec lesquelles elle accueille et fait sien un héritage culturel pluriel. En outre, cette famille accepte volontiers de jouer un rôle politique au sein d’une culture et d’un pays qui aspirent à leur émancipation. Tous ces traits, qui se retrouveront dans la personnalité et dans l’oeuvre de Rabindranath, étaient, depuis trois générations déjà, ancrés dans la tradition familiale.

C’est ainsi que son grand-père, Dwarkanath Tagore (1794-1846), un très riche homme d’affaires, n’hésite ni à braver les interdits religieux hindous pour voyager en Europe, ni à se lier au réformateur Rammohan Roy (1772-1833), créateur du mouvement religieux et de réforme sociale appelé Brahma Samaj.

Son propre fils, Devedranath Tagore (1817-1905), le père de Rabindranath (surnommé le «Grand Saint») était lui aussi profondément attaché aux idées et idéaux de Roy, en même temps qu’aux traditions hindous, musulmanes et occidentales qui avaient façonné la famille Tagore. Il s’assure donc que ses enfants reçoivent tous une éducation qui les familiarise avec l’ensemble de leurs héritages culturels et qui instille en eux à la fois le respect de la tradition et le goût de l’innovation.

Cette éducation porte ses fruits, et plusieurs des frères et sœurs de Rabindranath seront célèbres comme érudits, poètes, dramaturges, romanciers, peintres ou compositeurs. Elle instille en outre en eux, et tout particulièrement en Rabindranath, une précieuse ouverture vers l’universel, un trait qui caractérisera fortement toute son oeuvre ultérieure. C’est ainsi qu’il pourra écrire: «Aussitôt que nous comprenons et apprécions une production humaine, elle devient nôtre, peu importe sa provenance. Je suis fier de mon humanité quand je peux reconnaître et apprécier les poètes et les artistes de pays autres que le mien. Qu’on me laisse goûter cette joie sans mélange de savoir que sont miennes toutes les grandes gloires de l’humanité. Et c’est pourquoi j’ai profondément mal lorsque des cris de rejet de l’Occident se font entendre dans mon pays pour clamer qu’une éducation occidentale ne saurait que nous causer du tort ».

Quand Rabindranath a 12 ans, son père l’emmène en voyage jusqu’au pied de l’Himalaya. En route, ils s’arrêtent à Santiniketan (c’est-à-dire : Demeure de la paix), un centre de méditation que Devedranath Tagore a créé en 1863 et où Rabindranath créera pour sa part son Centre d’éducation en 1901. Le jeune garçon reçoit de son père, durant ce voyage, des leçons de sanscrit, de religion et de littérature. En 1874, à 13 ans, il publie son premier poème.

À 17 ans, Rabindranath part étudier à Londres, mais il rentre dix-huit mois plus tard, ses études inachevées. En 1890, il retournera très brièvement étudier en Angleterre. Ces deux voyages lui auront permis d’approfondir sa connaissance de la langue et de la littérature anglaises, en plus de lui faire connaître et apprécier la musique occidentale.

De retour dans son pays, Tagore entreprend la longue carrière d’écrivain, de penseur, d’homme public et d’artiste qu’on lui connaît. Il convient d’ailleurs d’insister ici sur la prolixité de Tagore et sur la diversité, proprement prodigieuse, de sa production, d’y insister d’autant que quiconque s’intéresse d’assez près à sa personne et à son œuvre ne peut manquer d’être bien vite renversé par le déformant réductionnisme que nous avons évoqué plus haut et dans lequel l’une comme l’autre sont trop souvent maintenues en Occident.

Rappelons donc qu’on a estimé que Tagore est l’auteur de quelque 300 000 vers réunis dans une cinquantaine de recueils de poèmes; de trois opéras; de quatorze romans; de douze recueils de nouvelles; de quatorze pièces de théâtre; de soixante-trois volumes d’essais traitant d’art, de philosophie, d’éducation, de politique et de philologie; de récits de voyage; ainsi que d’une autobiographie . Rappelons aussi qu’il se fera peintre durant les quinze dernières années de sa vie et qu’il laisse 2500 toiles et dessins; qu’il fut un épistolier qui nous lègue une correspondance publiée en douze volumes. Rappelons encore qu’il est la seule personne à être l’auteur de deux hymnes nationaux (celui de l’Inde et celui du Bengladesh), sans oublier de préciser qu’il aura, surtout vers la fin de sa vie, un profond et vif intérêt pour les sciences — la biologie, la physique et l’astronomie. Soulignons enfin, et comme il se doit, que Tagore a également écrit et composé tout près de 2 500 chansons, appelées Rabindra Sangits, et que si celles-ci demeurent, hélas, presque totalement inconnues du grand public en Occident, elles le font pourtant placer par les connaisseurs aux côtés de Schubert et de quelques rares autres au rang des plus grands auteurs de chansons. Ces Rabindra Sangits sont d’ailleurs la part de l’œuvre de Tagore la plus connue et la plus révérée au Bengale.

En 1912, profitant de l’occasion d’un voyage en Angleterre, Tagore traduit lui-même en anglais des pièces de son recueil Gitanjali. Le recueil qui en est issu paraît chez MacMillan dès 1913. Les poètes et écrivains anglophones, William Butler Yeats (1865-1939) en tête, font à cette œuvre et à son auteur un si extraordinaire accueil que le prix Nobel de littérature est décerné à Tagore en 1913. On souligne alors «ses vers profondément sensibles, pleins de fraîcheur et de beauté et par lesquels, avec une grande habileté, il est parvenu à exprimer sa pensée poétique dans ses propres mots de la langue anglaise, en faisant ainsi une composante de la littérature occidentale ». C’est la première fois qu’une personne Asiatique reçoit ce prix.

***

Le 3 mai 1916, Tagore s’embarque sur un bateau qui le conduit au Japon. Il séjournera un peu plus de trois mois dans ce pays et se dira fasciné par bien des aspects de la vie et de la culture nippones. Les fameux haïkus , notamment, l’intéressent au plus haut point. Analysant son attirance pour eux, Tagore fait remarquer qu’ils sont des poèmes-images plutôt que des poèmes-chansons.

Il est hautement plausible de voir dans ces poèmes brefs et à l’écriture hautement codifiée une des sources d’inspiration des aphorismes qui composent le présent recueil. Le poète y cherche en effet, en utilisant des moyens minimalistes, à produire des effets d’une charge poétique maximale concentrée dans de brèves sentences.

Tagore rédigea ces textes afin de satisfaire des admirateurs et admiratrices, qui lui demandaient d’inscrire un mot, typiquement dans un carnet d’autographes ou sur un éventail. Certains de ces aphorismes, qui avaient d’abord été écrits en bengali, sont traduits en anglais par Tagore pour l’occasion; d’autres sont composés au Japon, directement dans la langue de Shakespeare. Sous le titre Stray Birds, un recueil réunissant 326 de ces aphorismes nippons est paru dès 1916, chez MacMillan, à New York.

À l’enthousiasme de Tagore pour le Japon répondit d’abord une grande ferveur des Japonais pour le poète venu du pays du Bouddha. Mais cette ferveur reposait en grande partie sur le malentendu engendré par la publication du Gitanjali et s’estompa à mesure que se profilait, derrière le poète mystique mis de l’avant par Yeats et quelques autres, un homme lucidement engagé dans les débats de son temps.

Cet homme-là est préoccupé de politique, d’éducation, d’histoire et de mille autres choses encore et défend courageusement, à leur propos, des positions lucides et fortes, mais souvent radicales et allant à contre-courant de la pensée dominante .

Les conférences sur le nationalisme prononcées par Tagore au Japon marquent ici un point tournant : elles ne pouvaient en effet laisser aucun doute sur la profondeur et la force de la critique que Tagore avançait des orientations politiques prises par le Japon sur le modèle du nationalisme européen. Cette critique, en forme de mise en garde contre tout ce que contient de mortifère notre civilisation, n’a rien perdu ni de sa brûlante actualité, ni de sa puissante charge explosive — comme on le constatera à la lecture du passage suivant:

Ne voyez-vous pas la laideur mortelle qui éclate partout, dans vos villes, dans vos rapports, le même masque monotone qui fait que nulle place n’est laissée à l’expression vivante de l’âme? La mort s’insinue morceau par morceau dans le corps de votre civilisation.
La soif du gain ne connaît pas de limite à sa rapacité. Son seul objet est de produire et de consommer. Elle n’a de respect ni pour les êtres humains, ni pour la magnifique nature. Elle est impitoyablement prête, sans une minute d’hésitation, à rejeter la beauté et la vie hors d’elle-même, ou à les changer en argent. La présente civilisation commerciale de l’homme prend beaucoup de temps et d’espace pour tuer le temps et l’espace. Ses mouvements sont violents, son bruit agressif et discordant. Elle porte sa propre condamnation, parce qu’elle foule aux pieds l’humanité sur laquelle elle se tient debout .

L’antidote à ce poison avait pourtant été magnifiquement donné par Tagore, sous une forme poétique et justement dans le Gitanjali. Il suffisait, pour l’apercevoir, de ne pas le confiner dans cette réductrice image de mystique oriental à laquelle on s’évertuait à le ramener. Dès lors, on pouvait accéder à ce point suprême où se réalise l’unité de l’œuvre.


Là où l’esprit ne connaît pas la peur, là où la tête est haut portée
Là où le savoir est libre
Là où le monde n’est pas morcelé par d’étroites cloisons
Là où les mots jaillissent du plus profond de la vérité
Là où l’effort tend inlassablement les bras vers la perfection
Là où le clair ruisseau de la raison ne s’est pas égaré dans les sables de l’aride désert de l’habitude
Là où l’esprit, guidé par Toi, inspire une pensée et une action qui vont sans cesse s’élargissant

Dans ce paradis de liberté, Père, permets à ma patrie de s’éveiller

***

De 1916 à sa mort, Tagore voyagera et continuera imperturbablement à écrire et à composer. En 1915, il est fait Chevalier par l’Angleterre, mais rend son titre en 1919, en protestation contre le massacre d’Amritsar, lors duquel les troupes britanniques ont tué quelque 400 manifestants Indiens.

En 1918 est posée la première pierre d’une université fondée par Tagore, Visva-Bharati, laquelle existe toujours. En 1921, Tagore crée à Sri Neketan une autre institution importante, qui s’occupe cette fois de questions de reconstruction rurale. À 60 ans, comme pour trouver de nouvelles avenues d’expression à son inépuisable créativité, il commence à peindre — et j’ai rappelé plus haut avec quelle intensité il se livrera à cette nouvelle activité.

Tagore, tombé gravement malade en 1940, meurt à Santiniketan, le 7 août 1941.

C’est à lui que, pour clore cette introduction, je voudrais laisser la parole, en citant un de ses tout derniers textes, rédigé alors qu’a éclatée la Deuxième Guerre Mondiale :«Lorsque je jette mon regard tout autour, je rencontre les ruines d’une orgueilleuse civilisation qui s’écroulent et s’éparpillent en vastes amas de futilité. Pourtant, je ne céderai pas au péché mortel de perdre confiance en l’homme : je fixerai plutôt mon regard vers le prologue d’un nouveau chapitre dans son histoire, une fois que le cataclysme sera terminé et que l’atmosphère sera rendue limpide avec l’esprit de service et de sacrifice […] Un jour viendra où l’homme, cet insoumis, retracera sa marche de conquête malgré toutes les barrières afin de retrouver son héritage humain égaré ».

Les aphorismes des pages qui suivent peuvent être données comme autant de bornes millières balisant cette marche pour la reconquête de notre héritage humain.


Normand Baillargeon

(1) Cette ville, qui est la capitale du Bengale occidental, s’appelle Kolkata depuis le 1er janvier 2001
(2) TAGORE, R., The English Writings of Rabindranath Tagore, Volume 3 : A Miscellany, Édité par Sisir Kumar Das, India Sahitya Akademi, New Delhi, 2004. Page 289.
(3) Ces informations proviennent de: MUKHERJEE, Prithwindra, «Tagore», Encyclopedia Universalis, Vol. 22, page 85.
(4)«The Nobel Prize in Literature 1913» [http://nobelprize.org/nobel_prizes/literature/laureates/1913/] Lien consulté le 24 avril 2007.
(5) Forme poétique la plus courte qui soit, le haïku est pratiqué au Japon depuis plusieurs siècles. Un haïku comprend trois phrases, qui comptent respectivement 5, 7, et 5 syllabes et qui, en japonais, forment une seule ligne, dont la lecture dure une respiration.
(6) Je ne résiste pas à la tentation de citer ces mots, écrits en 1905 : «Nos prétendues classes responsables vivent dans l'aisance parce que l'homme ordinaire n'a pas encore compris sa situation. Voilà pourquoi le propriétaire le bat, le prêteur sur gages le tient à la gorge, le contremaître le maltraite, l'agent de police l'escroque, le prêtre l'exploite et le magistrat lui fait les poches. » TAGORE, R., Social Work, 1915. Cité par RAY, Satyajit, «Portrait of a man : Rabindranath Tagore», UNESCO Courier, May-June 1986.
(7)Nationalisme, Traduction par C.G. Bazile, Édition Delpeuch, Paris, 1924. Cité par : ASLAN, Odette, Rabindranath Tagore, Collection Poètes d’Aujourd’hui, Seghers, Paris, 1961. Page 187.
(8)Extrait de : Gitanjali Macmillan Company, London, 1971. Pages 49-50. Traduction : Normand Baillargeon.
(9)En 1929, le grand voyageur qu’il n’a cessé d’être est au Canada.
(10) TAGORE, «The crisis in Civilization», Cité par : MUKHERJEE, Prithwindra, «Tagore», Encyclopedia Universalis, Vol. 22, page 85.

11 commentaires:

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