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lundi, février 09, 2009

jeudi, janvier 22, 2009

VU SUR CHANNEL 4 NEWS

... et semble-t-il corroboré par les Nations Unies et la Croix Rouge.


mardi, janvier 20, 2009

HASBARA; ET QUELQUES CONTRE-POISONS

[Chronique pour le prochain Monde Libertaire]

Dans un récent et fort intéressant ouvrage, le philosophe britannique Stephen Law réunit une quinzaine de collaborateurs qui discutent de l’éventuelle légitimité du recours au terrorisme par les Palestiniens au Moyen-Orient (1) .

Le texte pivot de cet ouvrage est celui de Ted Honderich, qui l’ouvre. Honderich est bien connu pour défendre la thèse controversée qu’il avance cette fois encore, à savoir que les Palestiniens ont un droit légitime de recourir à des actes terroristes. Les justifications qu’il avance en faveur de cette conclusion — et d’autres sujets encore — sont ensuite examinées par les autres auteurs et Honderich leur répond dans le Postscript qui clôt l’ouvrage.

C’est une lecture d’un très grand intérêt, et quelle que soit la position qu’on peut avoir sur la question débattue, il est hautement instructif de la confronter aux arguments et contre-arguments des uns et des autres.

Noam Chomsky a participé à ce livre et sa contribution s’intitule : «Terrorisme et justice : quelques truismes utiles». Elle a le mérite de rappeler à quel point, loin de ces par ailleurs indispensables débats philosophiques, les habituelles discussions de tout ce qui concerne Israël et la Palestine, au sein des médias et dans l’opinion, aux Etats-Unis, se conduisent trop souvent dans un oubli des plus élémentaires truismes moraux joint à une méconnaissance de faits qui est parfois stupéfiante.

Operation Cast lead

Les événements en cours à Gaza (d’où, au moment où j’écris ceci, Israël annonce un retrait progressif de son armée) l’ont, une fois de plus, amplement montré.

Tout commence le 27 décembre 2008, alors qu’Israël lance l’Opération Cast Lead, un assaut d’une extraordinaire violence et hors de toute proportion contre Gaza et les tirs de roquette criminels et politiquement contre-productifs du Hamas. La date et l’heure précise du déclenchement de cette opération longuement planifiée ont été soigneusement pensées : on a voulu la commencer avant que le nouveau Président américain n’entre en fonction, de manière à bénéficier de l’indéfectible support qu’on était certain d’avoir de l’administration Bush; on a choisi de la débuter à 11h30, heure à laquelle les enfants sortent de l’école pour aller manger et où commence pour les civils l’importante activité du midi.

Ce qu’on a pu observer à partir de ce moment-là, dans la plupart des grands médias nord-américains comme ailleurs, c’est au déploiement d’une minutieuse opération de relations publiques menée dans le cadre de ce que le Gouvernement d’Israël appelle hasbara.

Il va de soi que le premier souci de la propagande est de ne pas être perçue comme telle et donc, a fortiori, de ne pas être nommée comme telle.

Le Gouvernement d’Israël l’a parfaitement compris et c’est pourquoi son énorme machine qui, depuis des années, mène en parallèle et sur les esprits, la guerre que son armée mène sur le terrain, est une machine à expliquer — ce qui est la traduction du mot hébreu hasbara. La prémisse de cette pratique est que ce que fait l’État d’Israël étant toujours et par définition raisonnable et vertueux, il suffira de l’expliquer aux personnes confuses qui n’en sont pas d’accord pour qu’elles le comprennent enfin. Sinon, cela va sans dire, ce sont des anti-sémites.

Cette entreprise d’explication est particulièrement rodée et déployée de manière systématique depuis l’invasion du Liban en 1982 (appelée par Israël «Opération Paix en Galilée» (sic)), qui avait été très sévèrement jugée par la communauté internationale.
Les autorités politiques et militaires d’Israël ont alors pleinement compris l’importance d’«expliquer» et élaboré diverses stratégies pour ce faire. Le succès de cette entreprise a été considérable, tout particulièrement aux Etats-Unis, et on peut aujourd’hui sans risque affirmer que les grands médias américains sont, eux aussi, dans une très substantielle mesure, des territoires occupés : au point où il arrive même que des informations et points de vue pourtant exposés dans la presse israélienne ne sauraient l’être aux États-Unis.

Comment procède «l’explication»


Une première ligne d’intervention a consisté à former diplomates et autres porte-paroles et à les préparer à affronter les médias.

Une deuxième, à créer et maintenir des contacts avec les journalistes, à leur fournir quantité de documents, communiqués de presse, images, textes et informations, sans oublier des repas, voyages, séminaires et autres cadeaux.

Une autre stratégie déployée a consisté à carrément embaucher des firmes de relations publiques américaines.

On a également mis sur pieds de nombreuses organisations privées, juives ou chrétiennes, qui sont en mesure de diffuser la ligne officielle. Parmi les plus connues et les plus influentes de ces organisations on pourra nommer l’AIPAC, l’American Israel Public Affairs Committee, dont on peut suivre les activités ici : [http://www.aipac.org/] et The Israel Project [http://www.theisraelproject.org/site/]. Ce dernier organisme assurait le 2 janvier que «les organismes d’aide internationale assurent que entrepôts [de nourriture] à Gaza sont remplis à pleine capacité» et permettront de tenir deux semaines sans ravitaillement, reprenant ainsi un communiqué du Ministère des affaires étrangères d’Israël (2).

Ces diverses mesures ayant été solidement implantées, le point de vue officiel et la perspective à partir de laquelle on souhaite que les événements soient décrits tendent, de manière très prépondérante, à être celui qui est présenté dans les grands médias américains.

Lorsque des points de vue qui déplaisent ou qui sont trop hostiles à la position officielle y apparaissent néanmoins, divers autres groupes entrent en jeu pour accomplir leur rôle de chiens de garde.

Parmi les plus efficaces, on retrouve l’Anti-Defamation League [http://www.adl.org/]; Palestinian Media Watch [http://www.pmw.org.il/]; et CAMERA, soit le Committee for Accuracy in Middle East Reporting in America [http://www.camera.org/].

Les personnes ou institutions trouvées coupables sont sommées de s’amender; on pourra utiliser pour cela diverses tactiques de harcèlement, notamment des demandes de renvoi, des campagnes de lettres aux éditeurs, et ainsi de suite, toutes choses auxquelles les médias et journalistes américains se sont montrés extrêmement sensibles.

On ne peut s’empêcher de rapprocher de tout cela ce qui est arrivé récemment à Richard Falk, qui est pourtant le Rapporteur spécial des Nations Unies sur les droits de l’homme : alors qu’il se trouvait en Israël, Falk a été détenu, fouillé, puis déporté.

Choisir ses mots

Comme on pouvait s’y attendre, le choix des mots utilisés pour décrire les événements est de toute première importance pour une hasbara réussie : «[…] appeler des manifestants des «jeunes» crée une tout autre impression que les appeler des enfants. Il est important que les activistes oeuvrant pour Israël soient sensibles aux subtiles différences de signification que peuvent donner des mots bien choisis. Nommez des ‘manifestations’ des ‘émeutes’, appelez les ‘organisations politiques palestiniennes ‘ des ‘organisations terroristes’; et ainsi de suite. Il est bien difficile de gagner contre des insultes (3) ». L’accusation d’antisémitisme permet elle aussi de marquer des points.

Et c’est ainsi que ce qui se déroule en ce moment à Gaza est appelé crise par CAMERA. Ou que dans les médias américains, les porte-parole d’Israël ont volontiers droit à leurs titres, tandis que ceux des Palestiniens sont souvent appelés des Barbus ou des terroristes, des hommes forts (strongmen), ou, au mieux, des chefs, comme dans «chef de bande».

Un autre exemple montrera l’importance du choix des mots. Un récent article d’un media canadien portait en effet en titre : «World leaders call for a ceasefire as more civilians die(4) ». Ces civils meurent. Seuls et sans l’aide de personne.

Pour la même raison, la hasbara a réussi à faire appeler guerre ce qui ne mérite pas ce nom et, avec les années, à faire en sorte que des attaques contre les palestiniens soient appelées des «incursions».

Occulter l’histoire pour masquer le présent

Mais c’est surtout en réussissant à largement occulter tout le contexte des événements en cours et toute l’histoire qui y conduit — l’occupation illégale de territoires, l’embargo qui y rend la vie impossible et la colonisation qui se poursuit — que la hasbara est efficace . En 2001, FAIR établissait que 4% seulement des reportages à la télévision américaine portant sur la région parlaient de l’occupation!

Il faut ainsi chercher attentivement pour retrouver dans le tableau qui est proposé aux Nord-Américains les efforts incessants de l’État d’Israël pour annexer et coloniser des territoires ou son refus de se conformer au droit International ainsi qu’aux aux résolutions du Conseil de Sécurité de l’ONU (notamment à la résolution 242). De sorte qu’Israël, qui est l’occupant, qui maintient, contre la ferme résolution des Nations Unies, des milliers d’hommes en armes sur un territoire étranger, est typiquement donné comme réagissant à des attaques et se trouvant en état de légitime défense contre des fauteurs de troubles haineux.

Quant aux destructions de domiciles, aux mauvais traitements, à la torture, aux check points qui rendent interminables les déplacements, aux humiliations, aux ambulances bloquées, aux dénis d’assistance humanitaire, d’éducation ou d’eau, hasbara assure qu’ils n’existent pas ou si peu.

Pour finir, les Etats-Unis sont typiquement présentés comme un arbitre neutre, cherchant à rapprocher les deux parties — et pas comme le pays qui, à coups de milliards, a fait d’Israël une des premières puissances militaires au monde, une base pour le contrôle du pétrole de la région et qui a mis des dizaines de fois son véto sur des résolutions des Nations Unies qui pouvaient mettre fin à des décennies de carnage.

Rappelons donc qu’en ce moment, les avions qui bombardent Gaza sont des F-16 américains, tout comme les hélicoptères d’attaque sont des Apache, eux aussi américains, tout cela faisant partie des largesses des contribuables américains qui donnent bien malgré eux quelque 3 milliards $ par an en aide militaire à Israël.

J’ignore si sont aussi américaines ces bombes à phosphore que des organisations humanitaires accusent Israël d’utiliser ces jours-ci, illégalement parce que contre des civils, dans le but, assurent ces organisations, de causer le plus de mutilations possible parmi la population de Gaza, espérant ainsi la retourner contre le Hamas .
Tous ces efforts d’explication se déroulent donc de nouveau en ce moment, pendant cet horrible carnage à Gaza, et la hasbara a rendu extrêmement difficile, en Amérique du Nord, l’accès à certains faits sur lesquels pourraient s’appliquer ces élémentaires «truismes moraux» dont parle Chomsky.

Il est en ce sens remarquable que des gens résistent malgré tout à ce barrage propagandiste et descendent dans la rue pour crier leur opposition. Dans bien des cas c’est pour s’être informé ailleurs, et mieux.

Voici à ce propos quelques suggestions de ressources qui aident selon moi à avoir une perspective plus juste sur les événements en cours et plus largement sur la situation au Moyen Orient.


Quelques ressources


Le film
Peace, Propaganda and the Promised Land démontre bien les mécanismes de propagande mis en place dans le cadre de la habara. On peut le visionner sur You Tube.

Stephen Shalom a rédigé un excellent FAQ sur Gaza. On peut le lire à : [http://www.zcommunications.org/znet/viewArticle/20269 ]. Shalom renvoie à plusieurs sites et documents.

À mon avis, l’ouvrage le plus clair sur le sujet est celui de Chomsky, traduit en français dans sa version récemment mise à jour: Israël, Palestine, Etats-Unis : le triangle fatidique, Écosociété, Montréal, 2006.

Z Net reste une ressource très riche et fiable. On y accède via : [http://www.zcommunications.org/]Vous trouverez là énormément de choses, dont un forum pour échanger avec plein de gens dont Shalom et Chomsky.

The Guardian, de Londres, fait un travail bien meilleur que la plupart des grands journaux que je connais. Sa section Comment is free est particulièrement intéressante.

Je suis moins familier avec les médias français, mais Acrimed fait sur eux un excellent travail critique qui donne à penser qu’ils ne sont souvent pas meilleurs que ceux d’Amérique du Nord.[ http://www.acrimed.org/article3042.html] et [http://www.acrimed.org/article3044.html]

NOTES

(1) LAW, Stephen, (Ed.), Israel, Palestine and Terror, Continuum, London, 2008.

(2) The Israel Project, "Fiction vs. Fact: Israel and the Situation in Gaza: 6 Common Fabrications." Cité par S. Shalom, qui rappelle que le Comité Aviseur du Israel Project comprend 22 membres du Congrès des Etats-Unis appartenant aux deux partis.[ http://www.zcommunications.org/znet/viewArticle/20269]

(3) Recherche sur nexislexis au mot-clé “Hasbara” dans les Major U.S. and World Publications, cité sur wikipedia à : [http://en.wikipedia.org/wiki/Hasbara]

(4) http://www.cbc.ca/world/story/2009/01/05/gaza-attacks.html

(5) Ces bombes et d’autres armes semblables sont évoquées par Jonathan Cook : «Is Gaza a testing ground for expérimental weapons?», Golbal research, 13 janvier 2009. [http://www.globalresearch.ca/index.php?context=va&aid=11770]