[Une campagne vient d'être lancée au Québec pour que lors des prochaines élections, qu'elles soient fédérales ou provinciales, un débat entre les candidats ait pour objet la science et la technologie. On a demandé à diverses personnes de rédiger un texte faisant la promotion de cette idée. Ce qui suit est celui que j'ai remis aux orginisatuers d ecette campagne. J,ignore s'il sera publié et où, éventuellement. ]
***
Imaginez la scène.
Les candidates et candidats à la prochaine élection (fédérale ou provinciale) en sont à leur troisième et dernier débat télévisé. Après en avoir consacré un à l’économie et un autre aux questions sociales, ils discutent ce soir, et pour la première fois, d’un tout autre sujet. Lequel?
Écoutons-le.
— «C’est donc au vu de ces données qui font désormais consensus parmi la communauté scientifique que notre Parti, conscient de l’urgence de la situation, propose les mesures qui sont exposées dans notre programme pour contrer le réchauffement planétaire».
— «Nous convenons de ce consensus et nous partageons les inquiétudes de nos adversaires. Cependant, nous pensons, d’une part qu’ils ne vont pas assez loin dans les mesures qu’ils préconisent, d’autre part que leur défense de la réforme de l’éducation n’est pas compatible avec une volonté de promouvoir la science et la technologie. Toutes les enquêtes menées le montrent : les résultats des petits québécois baissent en sciences et en mathématiques. Cela est déplorable si on veut avoir une population capable de juger de questions aussi importantes que le réchauffement planétaire; mais ce l’est aussi pour que l’économie du Québec demeure compétitive tout en luttant contre le réchauffement planétaire.»
Vous l’avez deviné : le sujet de ce dernier débat électoral, c’est la science et la technologie. Et les mérites d’une telle discussion sont à ce point manifestes qu’on ne peut que se demander comment il se fait que nous n’y ayons pas pensé plus tôt.
Songez-y.
La science et la technologie sont et seront au cœur de la plupart des enjeux et des défis, souvent immenses, que nous réserve le futur. Environnement, économie, changement climatique, énergie, biotechnologie, médecine, transports, communications : sur chacun de ces sujets, et sur de nombreux autres, la contribution de la science et la technologie à la définition des problèmes, des enjeux, des possibles solutions et même au vocabulaire dans lequel tout cela s’exprime est de la plus haute importance. Les ignorer, c’est se condamner aux ténèbres de l’ignorance et se livrer aux idéologues de tout poil. Refuser d’en débattre collectivement, c’est refuser de faire bénéficier la conversation démocratique de certaines des lumières qui lui sont indispensables si elle ne veut pas sombrer dans la propagande.
Outre qu’il permettrait aux candidates et candidats d’exposer leurs positions sur tous ces sujets cruciaux évoqués plus haut, ce débat aurait une grande valeur pédagogique et contribuerait à l’acquisition, par chacun de nous, d’une culture scientifique, laquelle est désormais rigoureusement indispensable à une véritable compréhension de la plupart des enjeux politiques, sociaux et économiques.
Ce débat permettrait encore de vérifier l’attachement de nos politiciens et politiciens à certaines des valeurs qui caractérisent la science et qui devraient caractériser aussi la conversation démocratique — je pense notamment à l’honnêteté intellectuelle, à la capacité de soumettre à la critique d’autrui ce qu’on avance, à la capacité d’envisager des hypothèses alternatives, à la pratique du doute constructif et à la reconnaissance du caractère faillible de nos connaissances.
Pour toutes ces raisons, je souhaite ardemment la tenue d’un débat sur la science et la technologie lors de la prochaine campagne électorale.
mardi, avril 01, 2008
UN NOUVEAU SUJET POUR NOS DÉBATS ÉLECTORAUX
Libellés :
Normand Baillargeon,
pensée critique,
politique,
science
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