Affichage des articles dont le libellé est Marc Prensky. Afficher tous les articles
Affichage des articles dont le libellé est Marc Prensky. Afficher tous les articles

dimanche, décembre 20, 2009

DIGITAL NATIVES?

Je suis toujours extrêmement dubitatif devant les promesses que font les technophiles en éducation et mon scepticisme s'accroît à proportion que ces promesses sont grandioses et qu'elles s'accompagnent de l'assurance qu'apprendre se fera désormais sans effort et 'naturellement', comme ils disent parfois.

Nous sommes en ce moment en pleine phase technophile et il y a fort à parier que des sommes considérables et toujours plus importantes vont continuer à être investies.

Avec la réforme de l'éducation, j'ai eu la preuve qu'il ne servait à peu près à rien d'avancer des arguments et des faits pour prévenir un (coûteux) désastre; je ne me lancerai donc pas dans un nouveau combat. Je me contente d'observer du coin de l'oeil ce nouveau déploiement d'idées et de pratiques qui ressemble tant au précédent et qui ressemble aussi, j'en ferais le pari, au prochain bidule à la mode qu'on nous offrira (je devrais sans doute écrire: qu'on nous entrera de force dans la gorge) demain.

Ce long préambule pour en venir à une conférence qui se tiendra sous peu sous le titre Clair 2010 pour nous inciter à "voir l'éducation autrement'. Le 'basculement dans l'univers numérique' provoque, dit-on dans l'argumentaire du colloque, des changement accélérés, et l'éducation devra s'ajuster. D'autant que les jeunes sont désormais des natifs du digital, ce qui change tout. Ce concept de "digital native' a d'ailleurs été créé par la personne-ressource du colloque, Marc Prensky.

Les enseignantes et enseignants devront s'adapter. Mais le faire engendrera des résultats spectaculaires. Apprendre sera (enfin!) rendu facile et agréable. Un des ouvrages de Prensky s'intitule d'aileurs: Don't Bother Me Mom--I'm Learning! et montre en couverture un enfant devant son ordinateur. Le nirvana pédagogique et le Saint-Graal éducationnels enfin trouvés.

Mon détecteur de poutine s'est mis à clignoter. Et en fouillant un peu pour en savoir plus, j'ai découvert un récent article paru dans From Now On. The Educational Technology journal, qui s'est penché sur les travaux de M. Prensky. Il mérite le détour. L'auteur les décrit comme manquant déplorablement de données factuelles, comme étant conceptuellement confus, comme avançant sans pouvoir les supporter des thèses extravagantes. Et ce n'est que le début. Ce texte mérite examen et réflexion, ce me semble.

Je ne prononce pas sur le fond. Mais je me demande tout de même s'il serait possible, rien que pour cette fois, qu'avant de foncer tête première dans des mirages au nom des quels on va engager des réformes, investir des fortunes, former des enseignantes et enseignants et, surtout, jouer avec le cerveau des enfants, s'il serait possible, donc, de prendre le temps d'y penser. «Tout ce que je demande est que nous pensions à ce que nous faisons», disait Hannah Arendt. Fichue de bonne idée.

Je signale que je ne suis aucunement expert de ces choses (et surtout que ça ne m'intéresse absolument pas de le devenir: je trouve ça profondément , comment dire?, vide) et rappelle que je ne m'engagerai pas dans ce combat: j'ai déjà donné (et payé tout ce que ça m'a coûté.)